sábado, 7 de abril de 2012

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Es un agujero de verduras donde canta un río,
Pegándose locamente a las hierbas de los harapos
De oro; donde el sol, de la montaña fiera,
Luce: es un pequeño valle que espumea de rayos.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Un soldado joven, boca abierta, cabeza desnuda,
Y la nuca bañada en el fresco berro azul,
Duerme; está tendido sobre la hierba, bajo el cielo,
Pálido en su lecho verde donde la luz llueve.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Los pies en los gladiolos, duerme. Sonriendo como
Sonreiría un niño enfermo, hace una siesta:
Naturaleza, acúnalo calurosamente: tiene frío.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Los perfumes estremecen su nariz;
Duerme bajo el sol, la mano en el pecho,
Tranquilo. Tiene dos agujeros rojos en el lado derecho.

Arthur Rimbaud

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